REPORTAGES
(maj 27/06/2022)
ASSEMBLEE GENERALE du 11 juin 2022
Discurs du Président
Activités de l’AALEV
ALEV Effectifs
Vérificateur aux comptes
Graphique effectif AALEV
bureau de l’AALEV
Eloge funèbre
du Général de division (2S) Hubert IVANOFF
reportage du 15 de France au 1 REC
Blindés 1 REC suite 3
Blindés 1 REC dernière partie
Blindés
REC suite 2
Blindés et véhicules 1 REC
Article du
Paris Match Hors série Sur la légion étrangère
Assemblée
restreinte AALEV du 01 sept.2021
Lettre du CEMA
aux associations
Eloge funèbre Général de Lessan
Article 14 juillet 2021 à Orange
Biographie LCL(TA) COMBE cdt le 2 REG
Article sur le 1 REC (journal le Causeur)
La légion en Guyane (Article du Figaro)
Biographie du Général Montclar
la demi-part des veuves d’ancien combattant
La légion
et son berceau à Sidi Bel Abbès
Marraine le
21/01/2021
EDJ Marraine
Col MEUNIER
Edito
Général de LESSAN
héroine méconnue du parachutisme
La caserne de France à Philippeville
Effectif sous-officiers des armées
Médaille d’honneur
Biographie du Général LARDET Cdt la Légion
Etrangère
Extrait carnet de chants
Souvenir di Viet-Nam de Just de Vesvrotte
OPEX le role des anciens combattants
Actualités de la FSALE
Hommage national au brigadier-chef Dmytro
MARTYNYOUK et au brigadier Kevin CLEMENT
Programme Scorpion 2019
Reserve OPS 1 REC
biographie chef de corps du 1 REC
Article sur le caveau de l’AALEV
Regard sur l’Armée d’Afrique
Biographie du
CEMAT
Biographie du
Général BECHON
Biographie du
Col Cdt le 2 REG
Biographie du Lcl de la Chapelle ancien chef de corps 1 REC
Dé cret sur le certificat de bonne conduite à
la Légion Etrangère
Décret
d’admission au centre pensionnaire des invalides
Applications
du code des pensions militaires et victimes de guerre
Article sur le
1 Cl (er) Ferrucio
Assemblée Générale de l’AALEV avril 2018
du nouveau à
l’Escadron de réserve di REC
Article du Général BOUQUIN, autonomie
stratégique
janv 2018 reportage sur un ancien Chef de Corps du 1 REC
Reportage jumelage avec la Légion
Espagnole
Article journal Espagnol
Assemblée
Générale de l’AALEV du 15 avril 2017
Article journal AG 201
Discours du Président
Rapport d’activités AALEV 2016-2017
Lettre du Président sortant
Discours
d’investiture du Président CROMBEZ
Doc sur les soldats de France y compris les
légionnaires
Lattre du Général DARY
Audition du CEMA
Parcours de soins
Info sur la CSSM pour les retraités
. Vert et Rouge(1
REC) n°5 de 1946
Edités par le Ministère de la
Défense les Guides du bon usage des
médias sociaux
des
réseaux sociaux
Lettre d’ailleurs et d’ici
Eloges du LCL Pierre LEGRIS
Sortie Aubagne 2016 Vous pouvez agrandir la
photo et cliquez dessus pour lire le cr
Installation Carpiagne Plaquette Légion 2015Rapport activités
2015-2016
Décret Garde nationale
La charte de fonctionnement de l’Armée de
terre Ordre du jour du Général MAURIN COMLE
Assemblée
Générale du 23 avril 2016
Intervention du délégué FSALE
Intervention du Président AALEV
Rapport activités 2015-2016
Article de presse
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Biographie du Gal Grosjean porteur de la main
en 2016
Eloges du Capitaine BRANCA
Biographie des légionnaires morts
dans l’avalanche de janvier
Le sixième légionnaire décédé
Communiqué du Gal CANN ancien membre du
Conseil de la LH
Procès des quatre légionnaires de
Djibouti
Lettre du Chef de Corps 1 REC de RCA
Pourquoi la FSALE
La ½ demi-part des veuves des anciens
combattants
La
legion à Colmar et Strasbourg
Un entretien avec l'historien
Francis Simonis sur la colonisation française du
Mali. Sans langue de bois ! Francis Simonis,
maitre de conférence à l'université d'Aix-en-Provence,
est un spécialiste de l'histoire de l'Afrique de l'Ouest, en particulier de la
période coloniale au Mali et en Guinée. Pour nous, il revient sur la précédente
opération militaire française à Tombouctou et ses conséquences.
Comment s'est déroulé la première conquête de
Tombouctou par l'armée française ?
"Depuis l’installation des Français à Bamako en 1883, l’expédition
de Tombouctou était dans toutes les têtes, et les lieutenants de vaisseau Jaime
et Caron en avaient préparé les voies à bord de canonnières sur le Niger en
1887 et 1889. Les marins rêvaient en effet d’être les premiers à rentrer à
Tombouctou.
Le gouvernement n’était pas favorable à de nouvelles conquêtes. Depuis des
années, les militaires n’en faisaient qu’à leur tête. Les officiers et
sous-officiers étaient le plus souvent sortis avec des rangs médiocres des
grandes écoles militaires. Provoquer des combats leur permettait de progresser
au tableau d’avancement et parfois d’être décorés.
L’armée coloniale étaient constitué d’officiers et de sous-officiers français
et de quelques hommes de troupes encadrant des tirailleurs africains dits
sénégalais, mais en majeure partie Bambara recrutés directement dans ce qui
était alors le Soudan Français. Les troupes comptaient aussi des spahis et des
compagnies de tirailleurs auxiliaires. Elles étaient très bien équipées et
relativement bien commandées. L’usage était cependant de laisser les
tirailleurs piller les villages conquis, et tous se partageaient le butin, dont
de nombreux esclaves, y compris les officiers français qui y trouvèrent des
concubines ! J’écrirais volontiers un livre qui s’appellerait Les
guerriers polygames de la République sur les officiers de la conquête…
Dès cette époque donc, l’un des principaux problèmes était d’éviter les
débordements, pillages et exactions des troupes africaines. Beaucoup en effet
ne s’engageait que pour les pillages qu’ils escomptaient mener et compter bien
revenir chez eux avec des captifs. Les auxiliaires n’étaient parfois pas payés
(ce n’était pas le cas ici), et dans ce cas il fallait bien les mener au
pillage pour les rétribuer …
Lors de la campagne 1892-1893, Archinard avait pris Mopti et Djenné. Il avait
planifié secrètement la prise de Tombouctou pour la prochaine campagne. La
population de Tombouctou, disaient les officiers français, lassée par les
pillages et les brimades qui lui étaient infligés par les Touareg, appelait la
France à son secours et accueillerait ses troupes en libérateurs.
Archinard fut en fait destitué pendant son congé et Bonnier se retrouva à la
tête de la colonie. Il décida alors de prendre Tombouctou. Dès qu’il apprit
qu’un gouverneur civil (Grodet) était nommé pour le
remplacer, et empêcher les troupes de faire colonne, il partit immédiatement pour
Tombouctou sans pouvoir être arrêté.
Le 26 décembre 1893, le colonel Bonnier partit de Ségou par le fleuve à la tête
convoi de 300 pirogues, avec environ 400 fusils. Le commandant et futur
Maréchal Joffre, du génie, qui avait été envoyé à la colonie pour s’occuper de
la voie de chemin de fer alors en construction entre le fleuve Sénégal et le
fleuve Niger, fut chargé de rejoindre Tombouctou par voie de terre, avec des
effectifs combattants similaires, mais des centaines de porteurs. Dans la
colonne Joffre se trouvait celui qui n’était encore que le capitaine Laperrine
qui faisait partie de l’escadron de spahis soudanais.
Le lieutenant de vaisseau Boiteux qui commandait la flottille du Niger les
avait devancés et devait les attendre à Mopti. Il allait en fait outrepasser
ses ordres et laissant ses deux canonnières au mouillage à Kabara,
entrait dans Tombouctou le 11 décembre.
Le 28 décembre l’enseigne Aube qui voulait rejoindre son chef fut massacré avec
une quinzaine de matelots.
Le colonel Bonnier atteignit la ville le 10 janvier 1894, à l’issue de ce qui
fut qualifié alors de « raid merveilleux ». La ville était prise,
sans combat, et le drapeau français flottait sur Tombouctou. « C’est
l’arme sur l’épaule que la colonne entre dans la ville. Les habitants sont
enchantés de son arrivée. Maintenant, ils n’ont plus à craindre les fameux
Touaregs, qui d’ailleurs n’ont pas jugé prudent de se montrer » écrit
fièrement un membre de l’expédition.
Le 12 janvier, le colonel Bonnier partit en reconnaissance « dans
l’intention de débarrasser les environs des nomades qui les infestaient »
et de tirer vengeance de la mort de l’enseigne de vaisseau Aube. Pendant trois
jours, ce ne furent que razzias et pillages, la colonne s’emparant de plus de
1000 moutons mais aussi de quelques femmes de notables Touareg …
On s’explique mal le sens de cette expédition dirigée par le colonel en
personne avec tout son Etat-major ... Le 14 janvier les soldats
bivouaquèrent à Tacoubao sans prendre la
moindre précaution. Les faisceaux furent formés, et les soldats allumèrent de
nombreux feux pour se réchauffer. Le drame eut lieu quelques heures avant le
lever du jour : en quelques minutes, le camp fut submergé par les Touareg.
Des 14 Européens présents, 11 périrent, dont le colonel et 8 de ses officiers.
Plus de 70 tirailleurs furent tués, mais aussi des dizaines de porteurs,
domestiques, bergers qui accompagnaient les troupes.
Joffre n’arriva à Tombouctou que le 12 février. De vives polémiques s’élevèrent
entre militaire sur la lenteur de sa marche et sur sa propension à se dire le
« vainqueur de Tombouctou », titre revendiqué par la famille de
Boiteux et celle de Bonnier
Ce que notèrent tous les officiers qui eurent à intervenir dans ce qui est
aujourd’hui le nord du Mali, c’est que les troupes africaines très à l’aise et
efficace dans les savanes qu’elles connaissaient bien perdaient toute aptitude
au combat en milieu désertique. Malgré la supériorité de leur armement, les
soldats se montraient le plus souvent pris de panique face à des adversaires
courageux, motivés et connaissant bien le terrain.
Pendant près d’un an, il fut pratiquement impossible aux occupants de sortir de
Tombouctou, et les escarmouches, coups de mains et attaques surprise se
succédèrent pendant des années avant que la région ne fût définitivement
« pacifiée ». Il fallut en fait mettre en place des unités méharistes
pour intervenir efficacement dans la région.
La conquête de la région débuta réellement en 1896, le long du fleuve Niger,
puis, à partir de 1898, après une alternance d’opérations militaires et de
négociations, les Touareg Iwllemmedan (Oullimiden) firent leur soumission en janvier 1903 ce qui
permit l’occupation effective de la région de Gao où un poste avait été fondé
en 1899.
L’occupation de la région de Kidal était plus problématique. Viendrait-elle du
Nord, c’est-à-dire de l’Algérie, ou du Sud, à partir du Soudan. ? Lors de
la délimitation de frontière de 1905 entre le ministre des Colonies pour l’AOF,
et celui de l’Intérieur pour l’Algérie, l’Adagh fut
finalement rattaché au Soudan qui s’appelait alors le Haut-Sénégal-Niger. L’Adagh fut occupé sans combat après négociation à la fin de
1908 et un poste fondé à Kidal au début de 1909."
"La célébrité de Tombouctou est venue en Occident par l’Afrique du nord et
le commerce transsaharien. La ville a entretenu des liens anciens avec le
Maroc, par exemple. Au XVIe siècle, Tombouctou est une métropole islamique
connue dans le monde arabo-musulman tout comme au Sahel. Ses savants, comme le
célèbre Ahmed Baba, emmené en captivité au Maroc après la prise de la ville par
les Marocains en 1591 était l’un des plus grands lettrés de son temps. On a
longtemps vu Tombouctou comme un eldorado d’où partaient d’immenses caravanes
et où vivait une population riche et instruite.
En 1825 La Société de Paris décida d’offrir un prix important au premier
voyageur qui attendrait Tombouctou, mais aussi en reviendrait. René Caillié y
parvint à partir du Sénégal en 1828. Les mots de René Caillé qui dit sa
déception sont célèbres : « Revenu de mon enthousiasme, je trouvai
que le spectacle que j’avais sous les yeux ne répondait pas à mon attente ; je
m’étais fait de la grandeur et de la richesse de cette ville une toute autre
idée : elle n’offre, au premier aspect, qu’un amas de maisons en terre, mal
construites … »
A titre personnel, et depuis maintenant plus de 25 ans que je voyage au Mali,
je me suis toujours interdit de me rendre à Tombouctou et je me suis juré de ne
jamais le faire, pour ne pas connaître la déception que tant d’autres ont
connue avant moi …Il ne faut pas toucher aux mythes.
On a longtemps rêvé de faire de Tombouctou le débouché du chemin de fer
transsaharien dont personne n’a jamais été capable de dire ce qu’il pourrait
bien transporter …
Aujourd’hui encore, on cite des chiffres invraisemblables de manuscrits
supposés se trouver à Tombouctou, tout comme on fantasme une ville qui aurait
compté jadis 100.000 habitants et 20.000 étudiants. C’est en fait extrapoler en
considérant que les milliers d’élèves des écoles coraniques qui ânonnaient le
Coran, pour peu qu’ils n’aient jamais été aussi nombreux étaient des étudiants.
Pourquoi, alors, ne pas dire que la France compte aujourd’hui 12 millions
d’étudiants ?"
Que reste-t-il de la colonisation française au Mali ?
"Des traces diverses. La France y a d’abord laissé sa langue, et en partie
sa culture. Si la très grande majorité de la population malienne ne maîtrise
par le français, notre langue est la aujourd’hui la langue officielle utilisée
dans l’enseignement et l’administration, même si un enseignement de base en
langue nationale s’est progressivement mis en place, ainsi qu’un enseignement
en arabe. Les systèmes scolaires et universitaires maliens sont calqués sur les
systèmes français.
Les élites maliennes ont été essentiellement formées en France, mais les
regards se tournent aujourd’hui davantage vers les Etats-Unis (cas de l’ancien
premier ministre Modibo Diarra
La présence française se marque aussi par le système administratif du pays.
Jusqu’à la chute de Moussa Traoré en 1991, celle-ci était à peu de chose près
la même qu’à l’époque coloniale, le pays étant divisé en cercles ayant à leur
tête un commandant de cercle, les cercles étant à leur tours divisés en
arrondissement (dits subdivisions à l’époque coloniale). La politique de
décentralisation menée par le président Konaré conduisit à créer environ 700
communes, dont beaucoup reprenaient les limites des anciens cantons coloniaux
supprimés à la veille de l’indépendance. L’administration coloniale était une
administration de commandement, autoritaire et au besoin brutale. Il serait
difficile de dire que les choses ont beaucoup changé …
La colonisation française est présente dans l’espace par les bâtiments qu’elle
y a laissés et qui sont toujours utilisés aujourd’hui. Le complexe
administratif de Koulouba date ainsi de 1906 : le Président de la
République a pris la place du gouverneur. Il en est de même des splendides
bâtiments de l’Office du Niger à Ségou.
Le pont barrage de Markala, achevé au lendemain de la
seconde guerre mondiale en est un autre exemple. On y trouve les rails du
transsahariens relancé par Vichy et dont la gare avait même était construite à Markala !
D’un point de vue militaire, la plupart des camps et bases militaires du pays
datent de l’époque coloniale. La gendarmerie malienne a ainsi succédé à la
gendarmerie française, dans les mêmes locaux et au départ avec le même
personnel.
Les liens militaires sont très forts, me semble-t-il, avec la France. Surtout,
l’héritage de l’histoire est fondamental. Pour les Maliens, leurs ancêtres ont
sauvé la France au cours des deux guerres mondiales, et il est donc tout
naturel que la France vienne aujourd’hui à leur secours. Beaucoup des tirailleurs
dits « sénégalais » étaient en effet originaire du Mali actuel, et
plusieurs de dizaines de milliers d’entre eux sont morts pour la France, lors
des deux grands conflits et des guerres d’Indochine et d’Algérie. L’ancien
combattant est donc un personnage clé de la société malienne.
Le professeur Bakari Kamian
qui fait autorité dans son pays en matière d’histoire a bien exprimé la matière
dont on y perçoit les choses dans son ouvrage : Des tranchées de Verdun
à l’église Saint-Bernard. 80.000 combattants maliens au secours de la France
(1914-18 et 1939-45), Paris, Karthala, 2001.
Il faut cependant avoir conscience que l’immense majorité de la population
malienne d’aujourd’hui est née bien après l’indépendance, puisque la moitié des
Maliens a sans doute moins de 25 ans…
L’islam même est en quelque sorte un héritage colonial ! En dehors des
populations nomades du nord du Mali : Arabes, Maures, Touaregs et des
Peuls, c’est au cours de l’époque coloniale que s’est convertie la majeure
partie de la population. Au sud du Mali, en effet, l’islam, présent dès le
moyen-âge, était une religion minoritaire professée par une élite
intellectuelle et/ou marchande. C’est autour de 1945 seulement que les
musulmans ont dépassé en nombre les tenants des cultes de terroir
traditionnels, le christianisme étant très minoritaire (quelques % de la
population tout au plus).
On le dit peu, mais la célèbre mosquée en terre de Djenné a été construite par
l’administration coloniale en 1906 …
Le Mali a aussi hérité de la France sa conception de la laïcité. Cette
conception fut ardemment défendue par les pères de l’indépendance, mais on peut
se demander si elle est encore d’actualité tant les associations musulmanes
pèsent aujourd’hui sur le pouvoir à Bamako."
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